
(À venir) COLONIALMENTE
DEDÉ RIBEIRO
Exposition Individuelle
02.09.25 - 07.09.25
« Pour reconstruire, faut-il détruire ? »
Telle est l’une des questions posées par Dedé Ribeiro dans son exposition ColonialMente, composée de collages provocateurs réalisés par l’artiste pendant et après la pandémie de COVID-19. En découpant des images éparses, en les déconstruisant pour ensuite les organiser sous forme de visualités diverses avec des questions troublantes (prêtez attention aux titres des œuvres...), Dedé Ribeiro nous incite à percevoir la réalité qui nous entoure sous d’autres prismes, nous forçant à reconnaître la fausseté d’une vérité univoque qui dissimule en fait des stratégies de pouvoir séculaires, liées aux pratiques coloniales qui continuent d’affliger le monde occidental.
Le mécanisme de colonialité qui s’étend jusqu’à nos jours fait référence à « [...] un modèle de pouvoir qui fonctionne par la naturalisation des hiérarchies territoriales, raciales, culturelles et épistémiques, permettant la reproduction de relations de domination *», dans une centralisation perpétuelle de subjectivités et de corporéités spécifiques – ici comprises comme hégémoniques – au détriment de tant d’autres qui sont progressivement repoussées vers les périphéries du système-monde moderne/colonial – et par conséquent reconnues comme marginalisées ou subalternisées (« Quelle est votre couleur préférée ? »).
L’idée de colonialité dans cette conjoncture fait référence à un processus complexe, durable et ininterrompu dans lequel nous continuons d’exister, où la racialisation des relations de pouvoir est un modèle mondial inventé par les Européens. Le tournant décolonial semble donc nécessaire et, plus encore, urgent.
Lorsqu’une femme sud-américaine – dans ce cas, brésilienne ! – se propose de repenser les récits coloniaux dans lesquels nos identités ont été façonnées, nous devons l’écouter, l’observer, la considérer comme légitime. Que dit cette artiste ?
Les questions soulevées par Dedé Ribeiro ne pourront probablement pas être répondues de manière aussi prosaïque, mais elles feront certainement trembler certaines des certitudes imposées dans le système-monde moderne/colonial. Cela, bien sûr, si l’observateur est prêt à reformuler sa propre réalité et ses privilèges coloniaux...
La question demeure : Et vous ? « Écririez-vous une histoire différente ? »
Par Daniel Colin - Docteur en théâtre, Maître en arts de la scène, artiste brésilien.
